Albert Cohen a septante-sept ans lorsque paraît en 1972, Ô vous frères humains, un texte dans lequel il confie un souvenir qui l’a hanté toute sa vie. Un jour du mois d’août, un garçon de dix ans découvre la haine et le rejet dans les paroles et le regard d’un camelot, occupé à vendre dans une rue de Marseille, des bâtons de détacheur. Cet enfant juif, c’était lui…
Cette interrogation sur l’intolérance et l’exclusion face à l’étranger résonne de façon particulièrement actuelle dans notre Europe d’aujourd’hui.
Sur scène, trois acteurs de pays différents mais imprégnés par la même culture française apportent par leur présence et leur voix la dimension universelle inhérente au récit. Ils prennent en charge l’indignation ou la souffrance de l’enfant, les invectives féroces et violentes de son entourage, la soif d’amour et la tendresse ineffable du vieillard qui pardonne, malgré tout. Ils évoluent dans un espace nu, dépouillé de tout artifice, pour donner toute sa profondeur à la langue douce-amère d’Albert Cohen : « Ô vous, frères humains, vous qui pour si peu de temps remuez, immobiles bientôt et à jamais compassés et muets en vos raides décès, ayez pitié de vos frères en la mort. »
« C’est joué fin et quasi dansé, avec une intelligence sensible, au sein d’une scénographie mobile qui fait la part belle à un papier peint d’invention aux fraîches couleurs d’enfance retrouvée. » (L’Humanité)
+41 (0)27 322 30 30